Rubrique : Un artiste, un jour

MILLE OR POUR FRANK MILLER

Le petit Frank est né dans les années 1960, au pays des politiciens véreux, des filles faciles et des buldings qui tombent tous seuls. Mais d'aucun prétendent qu'il serait né dans les bas fonds de Gotham City tant cette ville lui semble familière. Tout petit, il était déjà grand puisque dès 1970, il fait ses débuts dans l'univers impitoyable de la bande dessinée en tant que dessinateur à Marvel Comics.

Ses 1ers pas le mène tout naturellement dans l’univers de l’homme au collant rouge et on le retrouve alors dessinateur de plus d’une vingtaine d’épisodes de Daredevil de 1978 à 1981.

L’éclosion du talent : L’univers Daredevil

Son génie se manifeste alors par la création de la jeune et splendide tueuse Ninja : Elektra. Il met en vie cette superbe femme dont Matt Murdock tombe immédiatement amoureux alors que tous 2 ne sont encore que des jeunes étudiants sur le Campus de la faculté de droit. La jeune fille deviendra une véritable guerrière après la mort de son père, Atos Natchios tué lors d’une prise d’otage. Daredevil devra alors se battre lors d’impressionnants combats de Kung Fu contre sa petite amie, tueuse à gages. Le génie de Miller sera de faire mourir, dans un combat homérique contre Bullseye, la jeune grecque quelques épisodes après. Cet épisode a été curieusement publié en France dans 2 versions totalement différentes (Série Marvel Méga : Elektra Saga tome 1 et 2 ; Comics USA : La mort d’Elektra, collection super héros n°23) avec des traductions parfois assez curieuses et représente l’apogée de l’histoire d’amour entre la jeune héros et la jeune femme. La mort de sa petite amie torturera le jeune Daredevil qui ne tardera pas à perdre la raison dans un album, scénarisé et dessiné par F Miller et superbement publié aux éditions Comics USA (Elektra : la résurrection). Sur des couleurs magnifiques aux tons pastels et épurés, les bagarres des 2 amants contre les guerriers Ninja envoyés par la Main reste un modèle du chef d’œuvre de la bande dessinée.

F Miller scénarisera quelques autres épisodes de la jeune Ninja dont la superbe BD nommée simplement Elektra, dessinée par le non moins remarquable Bill Sienkiewicz et qui met en jeu les relations ambiguës de la jeune femme avec les milieux de la pègre et de la politique. Cette album se regarde comme un livre de peinture tant Sienkiewicz sait jouer avec les couleurs et les cadrages déjantés.

Pour ceux qui souhaiterait tout connaître de la genèse du jeune avocat qui deviendra plus tard Daredevil, qu’ils se jettent sans hésitation sur les 2 volume de Marvels Comics, publiés dans la collections top BD (Daredevil : l’homme sans peur) et qui retracent les origines profondes de la mutation de ce jeune étudiant en un héros solitaire et torturé. On y retrouve l’univers noir dans lequel F Miller aime à faire vivre ses héros. Par la suite, david Mazzucchelli sera le dessinateur d’une série, scénarisée par Miller, où l’on retrouvera ce coté sombre et maladif de Daredevil en particulier lorsque Le caïd réduira le jeune Murdock à l’état d’épave après lui avoir détruit sa vie, ses amours et son métier (Daredevil : Rennaissance). Tout récemment, F Miller remettra en selle l’homme sans peur, encore une fois dessiné par le talentueux Bill Sienkiewicz, dans une fresque où Daredevil tentera de sauver la femme, aveugle elle aussi, d’un psychiatre enlevé par Le Caïd afin qu’il guérisse sa propre femme torturée par les crimes de son mari (Daredevil : Guerre et amour, Marvel France). C’est clair, non ? Alors, lisez le livre vous comprendrez, flûte, quoi.

L’épopée Batman :

Après une courte histoire de Batman scénarisée en 1979, F Miller s’attaque à ce qui sera son chef d’œuvre absolu en tant que « comics » : LE Dark knight. Cet album raconte les péripéties d’un Batman vieillissant, fatigué, essoufflé et cardiaque devant faire face à ses propres démons, ainsi qu’a divers super-méchants comme Le joker, Pile-ou-face et un groupuscule de Mutants venus des antres de Gotham City. On y retrouve les début d’une (!) jeune Robin endossant le costume laissé vacant après la mort du jeune héros. Cette épopée se termine par un combat titanesque entre Batman aidé par la technologie et Superman et se termine par l’enterrement de …., mais, je ne vous le dirais pas et vous laisse apprécier ce que l’on peux faire avec un bon scénario en matière de bande dessinée. Un faux pas, néanmoins pour F Miller, est la tentative de suite (Dark Knight : 2), sortie ces derniers mois, dont on ne peux comprendre pourquoi l’auteur à voulu reprendre les personnages dans d’invraisemblables péripéties dont aucune indications ne permettent d’aider le lecteur à comprendre les rapports d’une page avec la suivante.

Dans la BD, « Batman : Year One », publiée en France sous le titre « Vengeance oblige », F Miller met en scène les débuts à Gotham City de l’inspecteur Gordon, évoluant dans les cloaques des bas fonds de la ville, ainsi que les échauffourées entre Batman et la police de Gotham lors de ses 1ères apparitions en public. Les dessins sobres et efficaces de david Mazzucchelli rendent compte de l’ambiance noire de cette ville et des difficultés du jeune héros solitaire à rendre sa Justice.

F Miller scénarisera encore quelques épisodes de la vie de l’homme chauve-souris, en particulier celui dessiné par le père de Spawn, Tood Mac Farlane, qui permettra de montrer le combat, cote à cote, de Spawn et Batman dans un album plein de bruits, de coups, de couleurs et d’armes comme savent si bien le faire les 2 artistes.

L’apogée absolue : Sin city

Bien sûr, si je n’avais pas déjà dit que les albums précédents étaient LE chef d’œuvre de F Miller, je n’hésiterais pas à qualifier ce qui va suivre du même superlatif. Et bien oui, F Miller est le seul auteur à avoir fait plusieurs fois, LE chef d’œuvre absolu. Et je pèse mes mots, chers lecteurs ! C’est ainsi, et les lecteurs qui connaissent cette série le savent déjà, il s’agit de l’œuvre absolue : La mise en dessin, en odeur et en poussière de la vie des fonds de Sin City. Dans cette série, dont 7 albums sont déjà sortis, Miller décrit la vie et bien plus souvent la mort des jeunes paumés, ancien flics, ancien truands ou anciens riens du tout qui traînent dans les bars miteux et les dancing des bas-fonds de Sin City. Les filles y sont belles et aux formes attrayantes. Les effluves d’alcool remontent à la surface. Les bagarres y sont fréquentes et il n’y a pas de place alors pour les demi-hommes. L’ambiance y est glauque et sombre à souhait. Les belles jeunes prostituées de la vieille ville veillent sur leur territoire avec un regard froid et glacial, prêtes à tuer tous flics ou truands osant s’aventurer pour y faire régner l’ordre. Le dessin en noir et blanc, tout d’ombre et de lumière est magnifique et chaque planche mériterait de s’accrocher dans une galerie. Une teinte de rouge sur les lèvres pulpeuses d’une superbe pin-up, un peu de jaune ou d’orange sur une belle robe moulante viennent agrémenter un dessin tout en contraste. On y rencontre Marv le paumé, Nancy la danseuse, Miho la Ninja, Fat man et Little Boy les truands intellos, des chaises électriques, des fils à papa, des politiciens corrompus, des gardes du corps à la stature d’athlète et encore et surtout des femmes à faire damner le plus perdu des alcooliques.

Bien sûr, F Miller est aussi le dessinateur de nombreuses autres œuvres et il faudrait au moins citer le célèbre 300 racontant les guerres spartiates, Ronin jeune guerrier Kung Fu combattant un démon et quelques épisodes de Wolwerine en voyage au Japon pour y venir chercher la belle Masiho Yashida dont il est éperdument amoureux (et vous vous en doutez, les choses ne se passeront pas si facilement). On pourrait encore parler des dizaines d’albums que F Miller a scénarisé, mais maintenant, j’ai trop parlé, place à la lecture et qui l’aime le suive !

Dr Doug


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