Années 60, Spider Man alias Peter Parker naît sous le crayon de Stan Lee, père
fondateur de Marvel. Au cours des 40 dernières années, ce personnage subit de
très nombreuses évolutions, allant du petit jeune timide et naïf en costume
rouge et bleu en passant par le moins célèbre costume noir et blanc, pour
revenir vers le costume d’origine un tant soit peu modernisé (modernisation
primordiale, grâce à l’inimitable, ou presque, Mac Farlane : le costume
est passé du bleu roi au bleu foncé, ce qui a eu pour effet d’accroître le
caractère sérieux du personnage). Pendant ce laps de temps, il a eu l’occasion
d’être cloné et de combattre une multitude de "méchants" : le
Dr. Octopus, le Dr. Fatalis, Vénom, Le Caid et autres Bouffons Verts ou homme de
sable. Il combattit aux côtés des non moins célèbres X-Men et autres Vengeurs,
fut impliqué dans des joutes intergalactiques, j’en passe et des meilleurs.
Tout ça pour dire que ce personnage au très lourd passé est maintenant
relativement hors de portée des néophytes. Même si un débutant plein de courage
(mais alors plein à craquer) et de chance (à en déborder… présentez le moi,
siouplaît) se décidait de retrouver par un moyen ou un autre (dont le chantage
et le meurtre) tous les épisodes des terribles mais passionnantes aventures de
Peter (Parker, pas Pan), dont les premières années pourront sembler à un non
initié franchement… kitch !C’est pourquoi, le directeur éditorial de Marvel,
Joe Quesada, décida de créer l’univers Ultimate, et notamment Spider Man
Ultimate (USM entres nous). Le but est simple : charger des grands noms du
comics "marvelien", "vertigosien" et "dcsien" (en l’occurrence ici Bagley,
Bendis et Thibert) de reprendre la série au début pour les plus jeunes lecteurs.
Le cahier des charges ? Affranchir le personnage de son lourd passé et le
remettre au goût du jour. Bilan, une vrai réussite. Les scenarii sont très
respectueux des origines de Spider Man, le rythme est soutenu (en 17 épisodes
US, Parker a déjà affronté le Bouffon Vert, le Caid, Electro, le Dr. Octopus et
bientôt Kraven le chasseur), les dialogues sont très modernes et le crayon est
magnifique.
En parallèle est sorti le film
(MSM pour Movie SM) sur les écrans : 2
ème coup de maître.
Forcément, en 2 h de pellicule, le réalisateur Sam Raimi n’a pas pu fouiller
autant les personnages que dans la BD, mais il a néanmoins réussi une superbe
adaptation cinématographique du comics. Le meilleur exemple de l’évidente
contrainte temporelle est l’élimination pure et simple de Gwenn Stacy (1
er
amour de Parker)… à moins qu’elle ne fasse son apparition dans le 2
ème épisode prévu pour…
2003 ?
A bien des égards, la série Ultimate et le
film sont complémentaires, du moins dans l’idée de modernité. Quelques
exemples ? OK, allons-y.
1) Tandis que le film représente Oncle Ben et Tante May fidèles aux
origines (de bons petits vieux moralisateurs), le comics les a considérablement
modernisés : Ben est grand, mince, musclé et arbore une queue de cheval
grisonnante alors que May, qui est le prototype même de la cadre supérieure
dynamique, ressemble à l’actrice Gena Rowlands.
2) Pour ce qui est de la découverte des pouvoirs, le comics montre bien
l’amusement de Peter pour ce nouveau "jouet", mais le film appuie bien sur le
côté apprentissage de la découverte… comme lorsqu’il se balance dans le vide
accroché à une grue… pour finir dans le mur. On retrouve le côté "amusement" du
comics lorsqu’on l’entend hurler à tue-tête au bout de sa toile.
3) Les pouvoirs eux mêmes. Dans les comics (OSM, pour Origine SM, et
USM), ils consistent en la faculté de grimper aux murs, de son sens d’araignée
qui le prévient de tout danger en lui provoquant des picotements cervicaux et
une super force. Sam Raimi a par contre un peu plus poussé la créativité. Pour
ceux qui connaissent, MSM est un peu le melting pot de OSM/USM et de Spider Man
2099 (dont je ne parlerai pas ici). En effet, ses filières naturelles, les
crochets microscopiques au bouts des doigts qui lui serviront à coller aux
parois et l’acuité accrue de ses sens sont très probablement inspirées de Spider
Man 2099. Personnellement, je trouve que c’est une très bonne initiative du
réalisateur. Bien sûr, cela empêche des jeux de mots du type « J’ai
peut-être mal touillé le mélange… » en parlant de sa toile artificielle en
train de céder, mais cela arachnéise un peu plus le héros.
4) Après la découverte de ses pouvoirs, Peter Origine choisi de faire du
cinéma pour se faire de l’argent de poche, tandis que Peter Ultimate et Movie
choisissent le catch. Ainsi va en découler la mort de son oncle Ben. OSM :
Peter laisse fuir le voleur de la caisse du producteur, celui-ci tuant Ben lors
du cambriolage de la maison familiale. USM : Cette fois, Peter laisse
partir un voleur à la tire avec le sac à main d’une passante… le voleur se
retrouvant dans la maison et boum : the end Ben. Enfin, dans MSM, Peter
laisse s’enfuir un voleur avec la caisse du catch qui tuera Ben pour lui prendre
sa voiture. Dans le fond la morale est bien la même partout : de grands
pouvoirs impliquent de grandes responsabilités !
5) Pour terminer un petit mot sur un méchant commun aux 3 SM : j’ai
nommé le Bouffon Vert. Respectueux des origines, Sam Raimi a gardé un bouffon
vert humain… bien que fou, tandis que Bendis et Bagley ont préféré transformer
Norman Osborn en un horrible mutant vert diforme. Bien que Sam Raimi ait
extrêmement bien réussi la mise en image de la double personnalité d’Osborn, je
trouve cette fois que USM fait preuve de plus d’originalité… mais après, cela
dépend des goûts.
Pour conclure, je dirai que Spider Man est un des plus grands succès de
Marvel Corporation. Cependant, son lourd passé le rend inaccessible aux plus
jeunes d’entres nous. C’est là qu’arrive Raimi, Bagley et autres génies qui
recommenceront la série au début, tout en prenant soin de la moderniser, afin de
permettre enfin aux "petiots" de se délecter des aventures de notre cher Peter.
Et n’oubliez pas, à de grands pouvoirs de grandes
responsabilités !!!