Dossier Jeunesse

D'où viennent-ils?
La jeunesse des héros de BD

Comme tous les personnages de fiction, les héros de bande dessinées ont rarement un passé bien défini : ils apparaissent un beau jour dans les pages d'un album (ou d'un magazine), sans qu'on sache vraiment (sauf peut-être quelques scénaristes particulièrement scrupuleux) quelle fut leur vie avant cette première planche. À vrai dire, comme nous le faisions remarquer dans le dossier du Pisco Sour précédent, les événements qui rythment la vie normale interviennent assez peu au cours d'un album.

Les nouvelles séries : vrai coup marketing ou flop artistique ?

Plus généralement, les références à la jeunesse d'un héros que la série principale connaît à l'âge adulte peuvent être plus ou moins appuyées, allant d'une allusion plus ou moins longue au détour d'une page au développement d'une série complète. Pour être tout à fait honnête, ce genre de série est rarement une réussite.

Chronologiquement,

Blueberry
Le premier tome de la jeunesse de Blueberry : du temps où on pouvait encore y croire...

le premier exemple me semble être La jeunesse de Blueberry, chronique de son engagement aux côtés des nordistes durant la guerre de sécession. Si les courts récits des premiers albums se laissent lire, force est de constater que la suite est assez loin de la série principale.

La jeunesse de Barbe-Rouge, ou l'exploitation éhontée d'un mythe.
barbe rouge

On pourrait dire exactement la même chose de La jeunesse de Barbe-Rouge, si ce n'est que la série principale elle- même semble en voie d'essoufflement. Dans les deux cas, le problème est d'ailleurs le même : on ne pourra jamais assez souligner le vide que la mort de Charlier a laissé dans la bande dessinée d'aventure européenne (Non, ça n'a rien à voir avec le thème. Et alors ?).

Si les deux exemples précédents marquaient une certaine continuité entre les deux séries (du western dans le premier cas, et des histoires de pirates ou tout au moins de flibustiers dans le second), Le petit Spirou procède d'un genre assez différent : le seul point commun entre le petit et le grand Spirou est le costume.

Le petit Spirou, plutôt destiné aux « grands » ?
spirou

Le ton est très différent (et d'ailleurs, le petit Spirou est destiné à un lectorat a priori plus âgé que le Spirou normal). Là encore, la formule a rapidement trouvé ses limites, et les gags du petit Spirou ont tendance à tourner en rond, pendant qu'on attend toujours un nouvel album de Spirou.

Les mémoires

Les Technopères : un vieillard qui radote en racontant ses souvenirs d'enfance.
technoperes

Dans certains cas, l'auteur d'une série choisit de la présenter comme les mémoires d'un des protagonistes de l'aventure. On pourra penser en particulier aux Technopères, où Albino, parvenu presque au terme de sa vie, raconte comment il en est arrivé là.

L'inclassable : Donjon

Il convient d'accorder une place à part à l'expérience de Donjon : Sfar et Trondheim développent dans le même la sous-série Zénith, qui représente l'apogée de l'univers du donjon, et Poltron-Minet, où on découvre la jeunesse des personnages. On ne peut évidemment oublier Crépuscule, qui, elle, présente l'avenir (et la fin ?) de ce monde. On n'est pas là en présence d'avatars plus ou moins réussis

Donjon Potron-Minet : en toute objectivité, la meilleure des trois époques.
donjon

d'une série principale, mais bien de trois sous- séries distinctes, mais profondément reliées entre elles, comme le prouvent les multiples allusions qui parsèment les différents albums. Cette démarche est particulièrement intéressante, qui permet au lecteur de combler de lui-même les vides entre les trois époques (en attendant qu'un album vienne confirmer ou infirmer ses propres idé