Pour tous ceux qui se sont jetés à corps perdus sur cet article, sachez que ce numéro particulièrement riche de Pisco Sour renferme non pas un, mais deux articles indissociables traitant de loeuvre de J. Scott Campbell. Donc si ce nest déjà fait, ruez-vous sur le premier (les ptites femmes de Danger Girl) !! Pour celui-ci, jai demandé à notre ami Danidan de bien vouloir nous donner lui aussi son point de vue sur la série.
Seb : c'est bien !
Le titre ci-dessus constituait la 1000ème utilisation de ce jeu de mot par Olivier depuis la première réunion de la rédaction. Une telle perséverance dans le comique de répétition se devait d'être soulignée.
Suite à la découverte de Danger Girl, ma toute première expérience en termes de comics américain, je me suis dit : bon, ok ! Les comics ne sont pas tous complètement nuls, et leurs dessinateurs peuvent peut-être être convaincants (aïe aïe, pas taper !!).
Gen13
a été créé par Jim Lee,
Brandon Choi et J. Scott
Campbell. Je dois dire que ma
première impression sur
Gen13
a été moins positive que pour
Danger Girl, il faut bien l'avouer.
Question scénario, on nous y
explique que des jeunes gens se
font embrigader (kidnapper ?)
par un consortium
extrêmement
puissant
parce
qu'ils
possèdent des
méta pouvoirs
qu'ils
ne
soupçonnaient même
pas : le Gen Factor.
Ils l'ont hérité
de leurs parents
respectifs, eux-mêmes
anciens
cobayes
pourchassés
et
exterminés
d'un
projet
gouvernemental aujourdhui
démembré. Or nos héros ne
l'entendent pas de la sorte et
décident de se faire la belle ; ils
rejoignent l'ancien chef du projet
gouvernemental abandonné qui
bosse maintenant
pour
son
compte, dans
le but de
défendre
l' humanité
des
vilains
méchants pas
beaux.
Alors personnellement je ne
trouve pas le concept très
novateur, et je ne suis pas
un grand fan des super héros
pleins de pouvoirs. Mais la
série a d'autres atouts. Tout
d'abord elle est servie par des
auteurs/dessinateurs vraiment
talentueux. Campbell en tête
bien entendu puisque c'est
lui qui a initié la série, et
qu'il y fait de temps en temps
quelques apparitions. Mais aussi
tous les autres qui ont pris le
relais par la suite ! Cest d'ailleurs
quelque chose qui me dérange dans
les comics américains, le fait que
les auteurs ne continuent jamais
très longtemps...
En revanche,
ce qui m'a le plus frappé dans
les premiers épisodes de
Gen13,
c'est le dessin de Campbell, qui
a vraiment du mal à démarrer.
On note de très gros problèmes
dans les proportions ou les
perspectives ; ses dessins sont
approximatifs et assez loin
du style de
Danger Girl. Pour
la petite histoire, il s'est fait
recruter sur le projet
Gen13
par Jim Lee, en lui envoyant quelques
dessins suite à une « recherche
de talents » ! Son style et son
dessin vont s'affiner au fur et
à mesure des épisodes jusqu'à
laisser une marque reconnaissable
(qui manquera d'ailleurs par la
suite...). Pour replacer les choses
dans le temps,
Gen13
a permis
de définir le style de Campbell
avant de s'épanouir avec
Danger
Girl ! A mon sens aucun des
auteurs choisis pour le remplacer
n'arrivent
à
reconstruire
l'atmosphère que véhiculent ses
dessins dans les premiers
Gen13
(malgré son trait incertain).
Pourtant l'aspect graphique est
très important dans cette série,
et l'esthétisme général permet au
lecteur de vraiment rentrer dans
lambiance. Plus d'une dizaine de
dessinateurs se sont relayés sur
le projet, dont Jim Lee lui-même
pour épauler puis remplacer
J. Scott Campbell. Le plus
convaincant à mon sens est Al
Rio, qui est considéré comme le
clone de Campbell. Mais beaucoup
d'autres se sont aussi prêtés au
jeu (pour en nommer quelques
uns : Humberto Ramos, Ryan
Odagawa, Terry Shoemaker,
Michael Lopez, ou encore Luke
Tom Raney...).
La série
Gen13
suit un concept
assez moderne et assez en vogue
outre-Atlantique, qui veut un
peu de désordre et de piquant
dans les délires psychotiques
des héros. Ainsi ceux-ci sont
jeunes (limite ados), tout fous,
avec un sens des
responsabilités
assez incertain
et nont peur
de rien ni de
personne !
On
trouve
dans
leur équipe des
filles et des
garçons,
tous
aussi attachants
les uns que les
autres. La série
intègre quelques
concepts
novateurs (pour des américains,
yek yek !) : les héros, par exemple
affichent officiellement leurs
préférences sexuelles ou leurs
convictions politico culturelles.
Ils affichent leurs doutes, leurs
passions, leurs sentiments et
globalement n'ont qu'une seule
idée : s'éclater ! Le but aura été
de faire des héros aussi proches
que possibles des lecteurs. Outre
l'aspect « sauveur du monde »,
les créateurs de
Gen13
ont
clairement dirigé la série sur
un ton d'humour et de légèreté
qui leur permet tous
les
débordements
scénaristiques
possibles.
D'ailleurs, sur certains épisodes,
ils auraient pu s'en passer... De
plus il est indéniable que Campbell
(et les autres) se fait plaisir ! Il
adore ça,
et pour notre plus grande
joie, il n'hésite pas à inclure un
peu d'érotisme bien placé dans les
cases des
différents
épisodes.
Enfin, quand
je dis ça,
c'est pour
rester soft,
mais il ne
manque
aucune
occasion de
dévêtir plus
ou
moins
les
(très
nombreuses)
jeunes femmes qui se croisent
dans la série. Mais je vous laisse
seuls juges... ;o)
Le nombre de personnages
évoluant dans la sphère des
Gen13
est assez important ; il
n'est donc pas possible de
présenter
de
manière
exhaustive
la totalité
des
personnages qui évoluent ou
traversent la série. Par exemple,
de nombreux autres super héros
se retrouvent aux cotés des
Gen13 dans leurs différents
combats ! C'est quelque chose
d'assez sympa d'ailleurs cette
interactivité... Ainsi cela nous
permet aussi de retrouver les
Gen13 dans certains autres
comics.
Pour résumer, et conclure, je
dirai que
Gen13
est une série
assez dynamique, très agréable
à lire, mais qui malheureusement
commence un peu à s'essouffler
et à lasser... Les dessins sont
magnifiques, même si on regrette
Campbell dans la suite de la série.
Par contre au niveau scénar,
tous les épisodes
ne sont
pas à la
même
hauteur
et
il
faudrait
pouvoir
redonner un
peu de pêche
et quelques
idées neuves
aux auteurs
pour
faire
repartir
la
machine !
Danidan : oui (mais...)
Bon, Seb me râle dessus depuis plusieurs jours pour que j'écrive ma partie de l'article, donc voici chose faite. Au revoir... Non, je plaisante. Alors, Gen13 ? Globalement, je suis d'accord avec notre Seb national... euh je parle de Seb, pas de Seb... je me comprends ;)
Février 1996, une bombe explose dans les kiosques français, la nouvelle série Wildstorm, j'ai nommé Gen13... ben si, vous suivez un peu ? L'univers Image était encore assez jeune dans notre pays. De mémoire, il n'y avait à lépoque que 4 autres séries : Spawn, Youngblood (vous ne perdez rien si vous ne connaissez pas), WildC.A.T.S. et Cyber Force . En soit, c'était déjà une rupture avec les comics disponibles en France. Il n'y avait que des Marvel (rarement des DC) dont le fond de commerce ne dépasse pas les super-héros tout beaux tout honnêtes qui défendent le monde contre les grands méchants. Avec l'arrivée de Wildstorm , Top Cow et autres séries Image, le monde fantastique, mythique même débarque. Les héros sont soit d'origine divine, soit d'origine extra-terrestre. Mais Gen13 a tapé dans la fourmilière à tout point de vue, ou presque.
Tout d'abord, les héros sont
bien de chez nous, de
notre petite boule bleue.
L'origine de leurs pouvoirs ?
La manipulation génétique
de leurs parents par un
projet
gouvernemental,
Gen12, dont le but était de
créer des super-soldats (ça
ne vous rappelle rien ???). Et
par malheur, ils ont transmis
ces mutations à leurs petits
bambins, les Gen13. De là
découle un point faible de la
série, du moins à mon goût :
le manque d'originalité dans
les pouvoirs... du moins chez
les Gen13 (sauf peut-être pour
Grunge, et encore). Mais bon,
personne n'est parfait.
Ensuite, le graphisme. Comme nous
a si bien dit Seb, Campbell était
un petit jeune dans le monde du
comics. Mais malgré ça, je trouve
le dessin d'une incroyable qualité.
Certes, il n'était pas encore à sa
maturité, mais il était d'une très
grande originalité et beauté,
mêlant le comics et le manga.
Ce style un peu parodique allait
comme un gant à la mentalité
très « djeuns » de la BD. Malgré
tous ses talents, je trouve que
Campbell était beaucoup plus
adapté pour ce comics que Jim
Lee (l'autre père de la série)...
et pourtant j'adore Lee. Mais son
style convient mieux à des BD plus
« sérieuses » X-Menisantes. Une
autre qualité de Campbell ?
C'est
un des rares dessinateurs à avoir
un peu donné des physionomies
d'ados
à ses
héros ados.
OK... au début
de la série,
Caitlin
et
ses copines
semblent toutes
sortir de chez
leur plasticien.
Mais
son
dessin
prenant de
l'assurance,
il affine
son style
et
calme
ses
fantasmes
mammaires.
Un
exemple parmi
d'autres,
la
couverture N°11 française.
Une chose qui ne me choque pas,
contrairement à Seb, cest le
yoyottement des dessinateurs.
Peut-être est-ce parce que je suis
beaucoup plus habitué au monde
du comics que lui. Même si je
regrette souvent le dessinateur
original (Campbell pour
Gen13,
Ramos pour
DV8,
Mc Farlane
pour
Spawn
,
Lee
pour
WildC.A.T.S... ),
les
successeurs
permettent
de
découvrir
de
nouveaux
talents.
La seule chose que
je ne supporte pas
lors de changement
de
dessinateur,
cest lorsqu'on passe
de l'original à son
clone.
Quant
à
changer
d'artiste, autant
changer
de
style !
Autre point fort :
la
mentalité
générale
du comics. C'est à ma
connaissance le premier
comics (mais pas le dernier !)
à être aussi proche de la
réalité. En effet, Grunge nhésite
pas à se sortir un monstre du
nez et le montrer aux copains
en poussant le rot du gorille;
ou à être excité par le popotin
d'une ravissante rouquine qui
atterrit
« malheureusement »
sous son nez. De même, cest
la première fois qu'une héroïne
pelotte les fesses d'une collègue
en lui avouant à demi-mot son
homosexualité... héroïne qui
passera par une phase bisexuelle
pour « redevenir » simplement
homo. Bref, cest le premier
comics à parler si librement des
us et coutumes de notre société
occidentale ;)
Une autre chose que j'apprécie
sur ce comics, cest la dualité
avec...
DV8. Etant donné que
c'était un projet gouvernemental,
on se doute bien que nos méchants
hommes en noir ne se sont pas
contentés de cinq jeunes. Ils
étaient beaucoup plus nombreux,
et certains de ceux là ne se sont
pas enfuis des griffes d'Ivana...
et sont même restés sous sa
coupe afin de créer l'équipe
DV8.
Je ne m'étalerai
pas dessus, sauf
pour dire qu'ils
sont
l'antonymie
complète de
Gen13,
anti-héros
sans
scrupules...
mais
qui reste dans la
même
mentalité
de
« djeuns » !!!
Bien qu'ils aient
leur
propre
série, ils feront
de
nombreuses
apparitions
dans
Gen13.
Pour finir, comme bien souvent (hélas) dans les comics, cette série commence très bien, avec un rythme et une originalité à toute épreuve, mais qui au cours des épisodes s'essouffle doucement pour finir par tirer en longueur.
Bref, si vous en avez marre des séries classiques avec des héros sans reproche et une moralité à toute épreuve, lisez Gen13 ... et par la même occasion son pendant du côté obscur de la Force, DV8 .... Comment ça je fais de la pub ???
Seb et
Daniel