Comme promis dans le numéro précédent, Emilie a interviewé pour nous Alexandra,huit ans et déjà collaboratrice de Pisco Sour. Elle nous parle de Titeuf, sa BD préférée. C'est du coup aussi l'occasion pour Nono (l'autre enfant de la rédac') de nous présenter Le guide du zizi sexuel, de Zep et Hélène Bruller, avec bien sûr Titeuf et toute sa bande.
L'interview exclusive du mois
Titeuf est aujourd'hui un véritable phénomène de société. Interrogez les enfants comme les plus grands et vous vous apercevrez vite que beaucoup connaissent. Non seulement en bande dessinée, Titeuf existe en dessin animé. Je me demande si ce dessin animé est uniquement regardé par les enfants. En interrogeant quelques « grands » (de 25 à 40 ans) je me rends compte que ce public aime se reposer l'esprit devant cette animation télé. Je précise que ce type de public regarde les épisodes de Titeuf avec leurs enfants ou quand en zappant ils tombent dessus. En ce qui concerne la bande dessinée en elle-même je ne me suis pas focalisée dessus étant donné que notre vénéré rédacteur en chef nous prépare un petit quelque chose dessus. J'ai donc choisi d'interviewer Alexandra notre collaboratrice qui est fan de Titeuf, et qui dans le précédent Pisco, nous a dessiné un super Titeuf.
Emilie : salut Alexandra, quel âge as-tu ?
Alexandra : bientôt 8 ans.
E : En quelle classe es-tu ?
A : en CE2.
E : Depuis quand connais-tu Titeuf ?
A : depuis le CE1.
E : Les élèves de ta classe connaissent-ils Titeuf ?
A : Oui, tout le monde connaît !
E : Que connaissent-ils le mieux, la BD ou le dessin animé ?
A : Les deux.
E : Qu'est-ce qui te plaît dans Titeuf ?
A : C'est drôle. J'aime le personnage et les histoires qui arrivent au personnage. Je comprends les blagues.
E : Si le personnage de Titeuf n'existait qu'à travers un livre et non pas sous forme d'image comme tu le connais actuellement, aurais-tu aimé Titeuf et suivi ses aventures ?
A : Oui.
E : Existe-t-il chez Titeuf quelque chose que tu n'aimes pas ?
A : Il dit trop de gros mots.
E : Que voudrais-tu voir changer dans le personnage de Titeuf ?
A : Moins de gros mots.
E : A part les gros mots, comment souhaiterais-tu que le personnage de Titeuf évolue ?
A : J'aimerais bien qu'ils le fassent grandir et qu'il soit moins bébé.
E : Merci Alexandra. A bientôt dans le prochain Pisco pour une future collaboration.
Ce ne fut pas évident pour moi d'interroger une jeune fille de huit ans. Excusez donc ce style télégraphique ! Ce que je retiens de ma micro étude de Titeuf, c'est qu'apparemment ça plaît surtout à certaines tranches d'âge. Je me demande si Alexandra aimera encore Titeuf longtemps, car apparemment cette bande dessinée risque de devenir un peu trop puérile à son goût. Alors pour quoi les adultes aiment ? On m'a répondu que les dialogues étaient très drôles. Maintenant je me demande s'il est possible de faire un parallèle avec certains livres comme Le petit prince. En effet, c'est le type d'ouvrage qui se perçoit complètement différemment avec l'âge et qui par conséquent reste indémodable. Enfin, je suis très gênée de faire ce parallèle avec Saint-Exupéry. Nous verrons bien avec Titeuf, nous manquons je pense de recul pour savoir si ce phénomène restera un personnage incontournable.
Emilie
Présentation du Guide du zizi sexuel
Le guide du zizi sexuel de Zep et Hélène Bruller. Collection
Les trucs de Titeuf aux éditions Glénat
Une des principales qualités de Zep , l'auteur de Titeuf (et aussi l'une des raisons de son succès à mon avis), est son honnêteté vis-à-vis de ses jeunes lecteurs : il ne les prend pas pour des gros niais à qui l'on doit raconter des zolies histoires toutes mignonnes et bien édulcorées (il y a Disney pour ça). Les discussions de cour d'école ne sont pas politiquement correctes et peuvent porter sur des préoccupations pas si éloignées que ça de celles des « grands ». Le but avoué de ce guide est d'apporter les réponses aux questions que se posent les 9-13 ans sur l'amour et le sexe (c'est quoi être amoureux ? comment c'est une fille ?). Zep assume son rôle d'éducateur (les gamins l'écoutent, lui) et en collaboration avec Hélène Bruller (histoire de ne pas dire n'importe quoi), il tente d'apporter des réponses simples et claires, sans se prendre au sérieux. A la fin du Guide, les « zizi bonus » sont un bon exemple du ton de l'ouvrage : on y apprend que le mot « con » vient de « cuniculi » (petit lapin) utilisé au Moyen-Age ; on y trouve aussi pleins d'expressions imagées (le robinet, le piquet, le poireau, le manche, le gourdin, le petit oiseau, la trompe, le sifflet - celui-là je connaissais pas ! - l'outil, le dard, l'arrosoir, le grand chauve à col roulé, etc) qui permettront de briller à la récré...
Faire l'amour comment ça marche ?
Comme bien souvent, un bon dessin vaut
mieux qu'un long discours...
Le Guide est très bien écrit et se lit d'une traite, l'essentiel du sujet y est abordé : on a droit au classique « comment on fait les bébés ? » mais aussi à des sujets plus délicats : « est- ce qu'un garçon peut avoir du désir pour un autre garçon ? est-ce normal ? » (je laisse aux lecteurs et à certains rédacteurs de Pisco le soin d'aller lire la réponse). Ce livre est très amusant, l'humour y est assez basique, certains diraient primaire, mais étant donné le sujet et le lectorat c'est bien mieux d'être direct que de tourner autour du pot.
On retrouve d'ailleurs ici l'humour paillard assez fréquent dans la BD érotique franco- belge, dont Dany et ses collègues de P&T éditions sont les représentants actuels les plus connus. Dans les années soixante- dix, cet humour salace - mais bon enfant - est apparu dans L'écho des savanes (1ère série) suivi par d'autres revues dont Fluide glacial. Parmi les auteurs qui ont ouvert cette voie, on retiendra Lucques, auteur d'une Encyclopédie aphrodisiaque, dont les BD allient la tendresse et la gaudriole (le titre Les fadas du zizi est quand même bien sympa), et qui ne renierait pas l'oeuvre que Zep poursuit auprès des petits.
En résumé, une bonne idée de cadeau à faire, profitez-en pour le lire au passage : qui sait, vous y apprendrez peut-être des choses (mieux vaut tard que jamais)...
Nono