Alien: du 7ème au 9ème art

Dans la série adaptations en BD, Maxime Isant (Ronan, quoi!) s'est intéressé aux bandes dessinées issues du mythe Alien. Il s'est limité à trois de ces bandes qui se détachent par leur qualité, et qui montrent bien que même dans le cadre d'un exercice imposé (univers ou adaptation réelle d'un film), on peut fournir un résultat plus que convenable.

Alien, the illustrated story

L'adaptation par Heavy Metal du premier film est entre les mains de John Workman. Il pense tout d'abord à une association Carmine Infantino - Walter Simonson au dessin mais ce dernier le convainc de lui laisser la totalité (ah, les dessous des comics!).

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Le scénario reviendra à Archie Goodwin, reformant ainsi une équipe ayant fait ses preuves sur Manhunter. Ce scénariste sera amené à pas mal d'autres adaptations, soit dit en passant : Return of the Jedi, Blade Runner , Encounter of the third kind ... Il faut croire que sa prestation n'a pas déçu. En effet, à la lecture il rend bien le malaise de l'équipage du Nostromo, entre méfiance et danger encore totalement inconnu. La pagination offre de quoi développer l'oppressante quête de la survie puisqu'en 64 pages grand format, les moyens sont là. Le découpage est très serré, les dialogues plutôt abondants sauf dans les moments forts. S'il est souvent difficile de transcrire une intrigue de film en l'espace limité qu'offre la BD, Alien se prêtait bien à l'affaire il faut le reconnaître puisque son intrigue tient du sommaire. Le dessin est de Simonson, qui réussit à traduire également le milieu dans lesquels les personnages évoluent. Quant à ceux- ci le traitement est un peu curieux : le monstre a bien son charisme, les humains ont malheureusement des traits qu'il faut soigner tout au long de l'album, et quand on opte pour des figures détaillées, le moindre impair est un peu gênant (il y en a peu mais tout de même...). On apprécie le dynamisme de certaines scènes et au global, on peut dire que l'adaptation est bien réussie. A noter qu'il paraît que cette adaptation connut son petit succès, non pas chez les collectionneurs, mais dans le public des films (pendant sept semaines dans la liste des best-sellers du New York Times).
bouh
Pour les moments amusants (ha, ha) : la première victime attend bien que tout le monde soit à table pour s'allonger dessus et se faire déchirer les entrailles de l'intérieur, le diable sortant de sa boîte. Bon appétit! Sinon, les femmes de l'équipage à la mort du capitaine se font des confidences pour savoir l'une ou l'autre se l'est fait, pas mal non plus comme dialogue s'interrogeant sur les orientations sexuelles du mort encore tout chaud...

Aliens: Stalker

Dark Horse est bien connu pour ses publications inspirées de licences. Un one-shot se rapportant à la créature déjà évoquée fut confié entièrement à David Wenzel (cf. Bilbo ). Cet auteur a eu l'idée d'implanter l'essentiel son récit chez les Vikings, histoire de rester dans des figures qu'il apprécie (après tout, ça ou dessiner des nains... Vu la taille de l'adversaire, ça revient au même) et donc la trame est de faire combattre des types avec des épées contre un Alien.

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L'histoire réussit à être un peu plus intéressante que ça avec l'adjonction d'une princesse à marier, d'un frère ignoble, de rivalités entre peuples, d'une prophétie et d'un chasseur attitré. Le graphisme est très réussi, mais, conforme à son habitude, Wenzel fournit des cases trop verbeuses. Le récit est assez dense, il faut bien l'avouer. Cependant, une fois que l'on a remis les pages en ordre (oui, ils ont inversé les deux premières feuilles), la construction se tient bien. Pour les moments amusants, on notera un Viking qui veut écraser
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dans son étreinte l'Alien (ben oui, y'avait des catcheurs déjà). Sinon, le traître fidèle à lui-même a de bons moments (genre sois gentil, l'Alien, prends ma soeur à ma place...). La chute n'est pas mal trouvée et ma foi, Wenzel n'a rien à envier à pas mal de scénario tant cette oeuvre tient plus que la route.

Aliens: Glass Corridor

Dans le même genre d'oeuvre (BD réalisée entièrement par un artiste au style bien particulier), Lloyd a également livré une très bonne histoire. Le graphisme ne laisse pas trop de surprise, conforme

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aux traits et teintes privilégiées de l'auteur (cf. V for Vendetta). On navigue dans le morose et ma foi, avec un environnement de vaisseau spatial à multiples canalisations, avec une créature aussi froide qu'un Alien déambulant dans les couloirs, cela fait merveille ! C'est un tueur professionnel qui va se trouver confronté au monstre, un tueur qui voit sa conscience resurgir... Un beau récit en définitive même si le dénouement est bien trop convenu. La mise en page est à noter avec quelques tentatives originales (petites cases flash isolées) qui marchent plutôt bien, histoire de mettre en valeur des souvenirs ou au contraire d'accélérer l'action. Maintenant le résultat peut parfois être déroutant comme une vue du trou du cul de l'Alien mis en valeur... L'atmosphère est excellemment rendu, comme dans la plupart de ses oeuvres, et l'absence de bruitage et d'onomatopées n'y est sans doute pas pour rien. Les visages sont toujours aussi soignés également, très réalistes, reflétant les sentiments et la tension présente chez les protagonistes. Rien à redire donc, mis à part le final téléphoné.

Bibilographie : Alien, the illustrated story / scenario : Archie Goodwin / dessins : Walter Simonson / Futura Publications Limited / 1979 Aliens : Stalker / scenario et dessins : David Wenzel / lettrage : Tracey Munsey / Dark Horse / 1998 Aliens : Glass Corridor / scenario et dessins : David Lloyd / lettrage : Elitta Fell / Dark Horse / 1998 Comic Book Profiles presents Archie Goodwin / As You Like It Publications / 1999

maxime Maxime Isant.