Dossier Spécial Angoulême 2003

Angoulême 2003 vu par (l'autre) Seb, et ses impressions sur l'expo Rosinski

Angoulême... Ce nom résonnait dans mon esprit de lecteur novice et un peu naïf comme celui de la Mecque de la BD, du temple du septième art, bref, un peu comme un truc sacré qui rend limite nerveux et vous force à vous découvrir comme si vous rentriez dans une église... Bon, j'en rajoute peut être (et même sûrement) un peu, mais c'est vrai que je m'attendais à quelque chose d'énorme. Ca l'est et ça ne l'est pas à la fois.

Passons en revue les points négatifs que se doit de posséder tout commentaire constructif, avant de nous concentrer sur l'essentiel : les trucs bien.

Le point le plus négatif ne nous a heureusement pas affecté, mais je me dois de le mentionner parce que vous, chers lecteurs, l'avez peut être enduré : la queue. Car Angoulême, c'est du monde. Beaucoup de monde. Et c'est un peu irritant de se rendre compte qu ' une heure avant l'ouverture, on a déjà deux cent fans qui attendent devant soi, et vingt dans l'entrée des VIPs (si, si, même là y a du monde). Et si, pour nous, professionnels (si, j'vous jure!) munis de passe, l'attente n'est jamais longue, pour le fan moyen, Angoulême c'est 10% de bonheur pur et 90% d'attente, soit entre les bâtiments, soit à attendre la dédicace d'un auteur (ça, même nous on n'y coupe pas).

nadia
Nadia, par Efa
Heureusement, dans les queues, l'ambiance est plutôt bonne. On reste entre fan de BD, après tout.

Deuxième et dernier point négatif : la grosse machine. On sent qu'Angoulême, c'est une question d'argent. Le festival ça rapporte, et ça se voit. Le stand de Soleil, par exemple (pas la peine de me remercier, Nono...) est énorme, blindé de monde et optimisé pour la vente, pas pour les dédicaces. Et même à l'extérieur des bulles (NDLR : les énormes chapiteaux montés sur les grandes places d'Angoulême où sont installés les éditeurs), faut pas espérer prendre tranquillement un verre à la terrasse d'un café, vous serez vites éjectés par le barman qui a du monde à servir (et si certains dans un groupe ne consomment pas, « ils peuvent partir! ». Véridique).

Passé ce tableau du dark side d'Angoulême, je peux vous décrire tout ce qui fait le bonheur de ce festival : les stands de BD à profusion, les auteurs sympas et pour la plupart à l'heure et disponibles (bon pas tous non plus quand même, hein monsieur Herenguel), les dédicaces qui font plaisir, le plaisir de voir d'autres fans à qui ça fait plaisir (je me souviens d'un fan tellement ému par une dédicace de Jurion qu'il a failli verser une larme), les expos, etc.

Le nombre d'auteurs est vraiment impressionnant, et en plus on à même droit à quelques stars internationales telles que Todd Mac Farlane (le dessinateur de Spawn).

Le diable, Par Jouvray
diable
Un bon conseil pour survivre à la course aux dédicaces : faites votre planning la veille (ou faites comme moi, emmenez votre femme pour faire la queue à votre place...).

Ce qui fait le bonheur d'Angoulême, c'est que cette ville est entièrement dévouée à la BD.

O'Malley par Kalonji
O'Malley
Vous pouvez vous balader dans les rues et voir un de vos personnages favoris dessiné sur un pan de mur, une borne à incendie, ou même dans la vitrine d'une pharmacie. C'est une ambiance, surtout en groupe.

Autre point énorme : la profusion. Il y a vraiment de quoi faire, avec des bulles dans toute la ville. Malgré nos pass pour éviter les queues et notre présence pendant deux jours, j'ai raté beaucoup de choses, comme par exemple l'expo coréenne (j'attends les commentaires de Nono pour en savoir plus), ou encore l'expo Dany (qui se déroulait je crois, en marge du festival?). En tout cas, celles auxquelles nous avons pu assister étaient vraiment très bien, surtout l'expo Rosinski.

Trondheim
Lewis Trondheim

L'exposition Rosinski

Qui ne connaît pas Rosinski? (à part Sabrina). Citons, brièvement dans ses oeuvres Thorgal, Le Grand Pouvoir du Chninkel , Les Complaintes des Landes Perdues... Inutile d'essayer de faire quelque chose d'exhaustif, la liste serait trop longue.

En tout cas, si je connaissais (au moins un peu) Rosinski, je me suis rendu compte au fil de l'expo que je ne connaissais pas grand chose de sa vie : de son passage par les beaux-arts à son arrivée en France, de ses premières planches aux huiles des couvertures de Thorgal, on découvre un auteur très complet, qui s'est essayé à tous les styles graphiques. On redécouvre avec délice de multiples planches originales du Chninkel ou de Thorgal, les essais sur les personnages du Chninkel ou encore les débuts de Rosinski en tant que dessinateur satirique dans des journaux à petits tirages ­ désolé de ce manque flagrant de précision sur ce dernier point, mais j'ai hélas! oublié le nom du magazine. Je suis sûr que mes collègues ayant assisté à l'expo seront plus précis (NDLR : c'est pas gagné!).

Bref, c'est du bonheur. Si vous n'y étiez pas, tant pis pour vous, il ne vous reste qu'a vous rattraper l'année prochaine. Car sachez-le : Angoulême c'est bien, Angoulême c'est bon, Angoulême mangez-en!

seb Seb