Dossier Spécial Angoulême 2003

Comment j'ai obtenu (entre autres) une dédicace de Mézières

Valérian, c'est une BD qui me tient particulièrement à coeur. Parce que jusqu'à environ quatorze ans (l'âge au-delà duquel il n'est plus normal de lire des bandes dessinées selon certaines personnes de ma connaissance), ma culture se limitait aux séries pour gosses, comme les Schtroumpfs ou le Scrameustache, ou alors aux grands classiques (Tintin, Astérix et compagnie...). Et un jour j'ai découvert cette série dans la collection d'un grand-oncle multi- collectionneur et un peu gâteux. C'est à partir de là que j'ai compris que les grandes personnes aussi pouvaient lire des livres avec des images dedans.

Donc forcément je projetais depuis quelque temps de me faire dédicacer un des albums de Christin et Mézières, en l'occurrence un exemplaire des Spectres d'Inverloch qui porte encore à ce jour l'autocollant «grand prix de la ville d'Angoulême 1984».

laureline
Petit clin d'oeil 19 ans après ­ je n'ai finalement pas eu la patience d'attendre douze mois de plus.

J'ai bien sûr choisi le meilleur moment du festival pour arracher cette précieuse dédicace, à savoir le samedi après-midi tant apprécié des connaisseurs, où l'affluence dans les bulles rappelle les plus belles heures des grèves dans le métro parisien. Donc vers 16 heures, au moment où les gens commencent traditionnellement à reprendre du poil de la bête après la pause déjeuner, je me suis incrusté délicatement dans la masse compacte agglutinée devant le stand Dargaud.

Il faut bien reconnaî- tre que cette maison d'édition sait opérer la sélection entre les vrais fans de bandes dessinées et les ama- teurs du dimanche : faire une queue devant leur stand est affaire de spécialiste. Il faut non seulement savoir repérer l'auteur visé, mais aussi la file corres- pondante, qui serpente au milieu d'une foule dense et indisciplinée. Il s'agit de repérer la dernière personne de la file : " excusez-moi, la file pour Mézières c'est là? ".

Christin Mézières
Et de faire comprendre aux autres candidats à la dédica- ce que c'est après vous qu'ils passeront : " excusez-moi, mais la file pour Mézières, c'est là!!! ". Tout est affaire de ponctuation.

Le reste appartient aux vrais automatismes du chasseur de dédicaces : compter le nombre de personnes devant soi, chronométrer les premiers dessins pour établir une moyenne (ne pas comptabiliser la première dédicace, rarement représentative puisque l'auteur n'est qu'en phase de rodage), estimer le temps avant atteinte de l'objectif, préparer quelques répliques destinées à prouver à l'auteur que l'on est l'un de ses plus grands admirateurs et qu'en plus on est quelqu'un de très intéressant, choisir le sujet de sa dédicace (on ne peut pas toujours demander une nana à gros nichons ou un Père Noël), éventuellement échanger quelques banalités avec les gens autour de soi, le tout en surveillant fiévreusement les éventuels resquilleurs. C'est en tout cas comme ça que ça se passe pour moi, il paraît que certaines personnes arrivent à le vivre plus sereinement...

J'ai eu de la chance, puisque Christin accompagnait ce jour-là Mézières. Ils m'ont paru tous les deux forts sympathiques, mais il faut avouer qu'à la vitesse à laquelle J.-C. enchaînait les dédicaces, j'ai à peine eu le temps de prendre une photo et d'échanger quelques mots. A vrai dire, il n'y avait pas forcément beaucoup plus à espérer dans des conditions pareilles. Et comme on dit, les paroles s'envolent mais les dessins restent.

olivier Olivier

dedicacor