L'avenir de piscosour

Alexandra

Comme pour la plupart des pages de PiscoSour, le choix du thème de notre dossier tient beaucoup à la vie privée des différents membres de l'équipe. En l'occurence, pour la première partie, il s'agit avant tout d'exprimer toutes nos félicitations à Sabrina, Christelle et aux deux Seb.
Canardo par Sokal
Repas de mariage dans Un misérable petit tas de secrets. On y boit, mais pas plus que de coutume en pareille occasion. Toutefois, le héros de la série fréquente assidûment les bistros, et ne dédaigne pas de fréquents tête à tête avec une bouteille.
canardo
En ce qui concerne le thème du bistro, ça n'a rien à voir, contrairement à ce qu'on pourrait penser, avec un enterrement de vie de garçon un peu trop arrosé. Simplement, notre vénéré rédacteur en chef a trouvé que l'originalité de cette association était pleinement en accord avec la ligne éditoriale de ce magnifique journal. En plus, ça permet d'éliminer comme hors sujet les guides du mariage, des jeunes mariés, etc. en BD qu'aucun d'entre nous n'avait réellement envie de lire...

Cela dit, une fois passé le premier moment d'enthousiasme face à ce nouveau défi à la culture bédéphile de la rédaction, il arrive un moment où il faut passer à la réalisation concrète du dossier. Et là, tout de suite, il y a moins de volontaires (n'est-ce pas Target?)... C'est qu'en fait les BDs mêlant les deux thèmes ne sont pas légion.

Mammouth et Piston par Coyote
Mamouth et Piston
Série de Coyote tournant autour d'un bar (celui tenu par Mammouth), au fil des gags il était assez probable de croiser un jour des mariés (jeunes et endurants de préférence!), la sensibilité légendaire de notre ami Coyote, ainsi (il est vrai) que les personnages de la série et le lieu de l'action font que le mariage est traité par le côté paillard de la chose (mais en fait Coyote est un grand romantique).
Pour être tout à fait précis, ce ne sont d'ailleurs pas vraiment les bistros qui manquent. Les mariages, par contre, à part dans les ouvrages cités ci-dessus, ne semblent pas avoir été particulièrement exploités. Sans doute les scénaristes considèrent-ils qu'un héros ou une héroïne marié(e) ne pourrait pas vivre d'aventures aussi palpitantes qu'un(e) célibataire.

En effet, les exemples de bandes dessinées mettant en scène un mariage ne sont pas particulièrement nombreux. On peut cependant citer Cru Bourgeois, de l'inévitable Martin Veyron, qui se déroule la veille et le jour d'un mariage dans la vaste demeure d'un très grand bourgeois. Quelques albums de Christin et Goetzinger, comme La Sultane blanche et La Demoiselle de la légion d'honneur reposent également sur des mariages, généralement huppés. En dehors de cela, les exemples n'apparaissent pas toujours spontanément.

Je passerais bien le reste du dossier à expliquer pourquoi il s'agissait d'une tâche d'une difficulté exceptionnelle, et que nous sommes quand même vachement forts à Pisco Sour de faire des trucs pareils,

Lanfeust
mais le manque de substance du texte finirait sans doute par transpercer. Place donc à la première catégorie de BDs mêlant mariage et bistro : l'heroic fantasy. En effet, les univers de ces BDs sont quasiment par définitions bien barbares, et on peut, comme dans Lanfeust de Troy, le modèle actuel du genre, y discuter fiançailles au milieu des pires tavernes. Notons que ces discussions sont souvent interrompues par des bagarres, plus ou moins sanglantes.
donjon
Dans la même veine, il faut bien sûr citer Donjon, en particulier dans sa version « potron-minet » (objectivement la meilleure sous-série de l'univers de Donjon). Les étudiants et étudiantes d'Antipolis passent le plus clair de leur temps à la taverne (toute ressemblance avec une ville moderne serait purement fortuite). En particulier Hyacinthe de Cavallère y flirte mollement avec Elise, tandis que le nécromancien Horous cherche deséspéremment à nouer la conversation avec des élèves de sections plus féminisées... Il ne s'agit certes pas ici de mariage à proprement parler, mais on ne va pas commencer à chipoter non plus!

Les grandes sagas familiales, comme Les maîtres de l'orge, sont une source de mariages assez conséquente. On y trouve aussi assez régulièrement des bars. Ainsi, à Dorp, le bar et l'église sont très proches, et les cérémonies familiales des Steenfort, les propriétaires de la grande brasserie du village sont toujours l'occasion de fêtes généreusement arrosée de bières.

Maîtres de l'orge
De plus, Noël Steenfort se marie avec la belle Margritt, prostituée munichoise, dont il fait la connaissance lors d'une fête organisée par le brasseur allemand chez qui il est en stage...

Le western lui-même n'est pas épargné. On peut tout d'abord citer Lucky Luke, puisque dans La fiancée de Lucky Luke , ce dernier échappe de peu au mariage. L'album compte toutefois quinze mariages, et la fête se déroule bien évidemment au saloon.

 
Blueberry
Cependant, c'est dans LA série française de western, Blueberry, que les deux thèmes sont le mieux mélangés, et où les mariages tiennent un vrai rôle dans le scénario. En effet, si Blueberry a plus l'habitude de fréquenter les saloons, il ne néglige pas complètement les mariages pour autant. Chronologiquement, le premier d'entre eux se déroule dans L'homme qui valait 500 000$ : la belle Chihuahua Pearl, chanteuse de cabaret de son état, accepte d'épouser le gouverneur Diaz pour sauver Blueberry et Trevor (l'homme qui valait 500 000$, suivez un peu quoi). Toutefois, ce dernier étant également le mari de Chihuahua, ce mariage est de facto nul...
Gloom Cookie par Serena Valentino et Ted Naifeh
Rare exemple de BD américaine, et qui mérite donc d'être cité, où les personnages passent beaucoup de temps dans les bars et cafés, à parler d'amour et du beau temps (enfin surtout d'amour). Ici on n'a pas vraiment de mariage, en tout cas pas pour l'instant vu que nos deux amoureux, Lex et Damion, sont condamnés à vivre séparés. Mais comme les personnages de ce comics se permettent d'aller dans des bars (non mais quels voyous!), le lecteur ne sera pas étonné d'apprendre qu'ils ont des relations pré-maritales. Et bien sûr quel meilleur endroit que le bistro pour en parler et faire des rencontres? glomm cookie

C'est de nouveau Chihuahua Pearl qui se marie (elle est devenue veuve dès Ballade pour un cercueil) quelques épisodes plus tard. Cette fois-ci, c'est Blueberry qui intervient au milieu de la cérémonie, après avoir passé les premières pages dans le saloon face à l'église. En effet, contrairement à ce qu'on aurait pu croire, ce n'est pas lui le futur mari, mais un quelconque pied-tendre venu de l'est. Notre fringant lieutenant se permet donc d'enlever la mariée dans l'église avant le «oui» fatidique. Toutefois, après avoir constaté que Chihuahua et lui ne partageaient pas exactement le même idéal, on retrouve assez vite Blueberry dans son lieu de prédilection, le saloon, d'où il ne sort d'ailleurs pas dans les épisodes suivant, où il rencontre une nouvelle chanteuse. Il n'y a pas encore de mariage pour l'instant, mais le cycle n'est pas terminé... Malgré tout, c'est dans les bandes dessinées parlant de la vie quotidienne qu'on retrouve le plus facilement cette association. L'exemple le plus frappant est évidemment celui des Bidochons , dont le repas de mariage, dans le tome 1 se déroule (à quatre personnes) dans un obscur bar.

 
bidochons
Ce mariage se déroule d'ailleurs avec une élégance en accord parfait avec les lieux.

Mais ce n'est pas là le cas général. Le bistro est avant tout le lieu où on se rencontre, où on discute, que ce soit en couple ou avec des ami(e)s.

Max et Nina
Max et Nina, par Dodo et Ben Radis: Comme expliqué par ailleurs, les séries sur la vie quotidienne sont l'occasion de voir se croiser bistro et mariage (encore que c'est typique des BDs franco-belges, parce que dans les comics ou les mangas les bistrots sont trop peu familiers pour avoir de quoi alimenter notre dossier...). Max et Nina raconte les aventures amoureuses puis de vie commune de Max et Nina et on souvent droit à des discussions entre copines ou copains au bar, si l'on ne parle pas forcément de mariage, c'est pire, on parle de bébés!
Citons en particulier Monsieur Jean, qui consacre une part non négligeable de son temps à parler de ses aventures avec ses copains dans différents bars de Paris, du moins dans les deux premiers albums. Le quatrième le voit également invité à un vrai mariage, d'où il finit par prendre la fuite après avoir insulté les mariés... De même, dans les filles, des étudiantes tourangelles se retrouvent régulièrement à la terrasse des cafés de la place Plumereau pour discuter de leurs amours.

En résumé, si les bars font rarement bon ménage avec la cérémonie du mariage proprement dite, sauf cas exceptionnel, ils s'accordent facilement avec plus avec tous les événements qui précèdent cette dernière, à commencer par la rencontre des deux tourtereaux.

virgile Virgile